ORIGINES

 

 

On commence à parler de ce jeu de façon fortuite vers 1880, où un jour de pluie, des jeunes anglais empêchés par l'averse de jouer à leur distraction favorite le tennis (lawn-tennis existait depuis 1875) se seraient servis d'une table en guise de court miniature, y posant des livres en guise de filet. Des couvercles de bôites à cigares leur auraient permis de se renvoyer un bouchon de champagne arrondi...

Le nom d'un inventeur anglais James Gibb ou Jibb se superpose à cette anecdote..

A la fin du XIXe siècle, on vendait des coffrets contenant filet et accessoires commercialisés sous diverses appellations :"Gossima","Tennis de salon","Tennis miniature","Pim-pam","Wiff-waff" ou encore "Ping-pong".

Ce dernier nom,déposé par John Jaques de Croydon, ou par la maison anglaise ou par la firme américaine PARKER est devenu une appellation protégée.

 

 

EVOLUTION

 

 

1901 : Jeu de salon prisé par la haute société, le ping-pong prend le pas sur le golf miniature, distraction favorite du grand monde.

 

Cette gravure de L'ILLUSTRATION montre un parterre en tenue de soirée se délectant du jeu auquel se livrent un monsieur en habit et une femme portant guêpière et jupons froufroutants qui s'efforcent de se renvoyer au-dessus d'un filet de gaze tendu sur une table Louis XV, une petite balle de celluloïd selon des règles clairement établies.

 

Selon son humeur, on pouvait compter de deux façons différentes :

1) Soit comme au tennis

2) Soit presque comme nous le faisons de nos jours, parce qu'une partie se jouait en 20 points et que, en cas d'égalité à 19 "celui qui, sur les 5 points suivants, en prenait 3 gagnait la partie".

Le service était déjà réglementé :

"Le servant doit frapper la balle par-dessous et l'envoyer de bas en haut, la raquette étant tenue au-dessus du niveau de la table... Et la balle doit tomber directement dans le camp adverse".

La technique gestuelle était précisée :

"On ne doit jamais chercher à couper les balles, c'est-à-dire à les envoyer dans une direction imprévue".

"Un bond élevé de la balle dans une position facile,met la dame à la merci d'un joueur sans galanterie"

"Ce n'est qu'à la fin du jeu qu'on sait qui a gagné".

 

ALMANACH HACHETTE 1903

Mais dans les salons du début du XXe siècle, ce jeu passe vite de mode.

Quelques foyers tentent de résister en Europe Centrale jusqu'en 1910.

La Grande Guerre efface tout.

Cependant, quelques mordus dans le monde continuent de se divertir de ce jeu démodé.

Et c'est grâce à eux qu'il va renaître de ses cendres dans les années 20.

 

De par le monde, des compétitions s'organisent et en 1921, sous l'impulsion d'Ivor MONTAGU, naît L'ASSOCIATION BRITANNIQUE DE TENNIS DE TABLE.

 Une première rencontre internationale a lieu à Berlin en 1924.

Renouvelée l'année suivante, elle débouche tout naturellement en 1926 sur les premiers CHAMPIONNATS D'EUROPE de TENNIS DE TABLE organisés à LONDRES et,sur la création de l'I.T.T.T (International Table Tennis Fédération) : la Fédération Internationale qui régit toujours ce sport, de nos jours, sur le plan mondial. Les HONGROIS (Messieurs et Dames) dominent les huit autres nations engagées. L'un d'eux, BARNA, qui avait choisi de résider en France, et dont le revers inimitable porte toujours son nom, a fait aimer le ping-pong à toute une génération.

VICTOR BARNA

Passé des salons mondain aux CAFES qui affichent "ICI PING-PONG" , on joue pour savoir "qui paiera la tournée", comme au 421, ou en se lançant un défi à l'issue duquel le vaincu devra verser une somme au vainqueur.

Dessin sur le

ping-pong des années

1920

 

Cependant, dans les "ACADEMIES" (calquées sur celles du billard) qui alignent 10, 12 voire 20 tables) et dans lesquelles les arbitres officient en smoking, il faut réserver son tour.

Le "pousse-baballe" a laissé place "aux envolées subites, aux rudes services, aux revers puissants, donnant à la balle des directions tout à fait imprévues, et qui alternent avec une gamme subtile de coups plus nuancés".

Et on se demande si ce sport qui nécessite des nerfs solides, un bon coup d'oeil, souplesse et rapidité (entre autre) ... va connaître "une faveur éphémère ou si, flattant cet instinct de lutte qui gronde sourdement dans l'homme d'apparence si pacifique, il vivra ? ".

Seuls les joueurs qui pratiquent au sein des clubs s'intéressent à une forme rigoureuse et sportive de la compétition.

En 1929, si la France fait une terrible apparition aux Championnats du Monde, le Tennis de Table, lui, reçoit sa consécration officielle en 1933, année-clé, en étant admis au Comité National des Sports. Il est donc reconnu comme un sport à part entière. Son ascension est considérable, et notamment, grâce à la création de Comités Régionaux (ancêtres des ligues) qui regroupent de nombreux licenciés.

C'est le début de l'ère HAGUENAUER qui remportera le premier de ses 8 titres de Champion de France (dont 6 consécutifs) et qui marquera de son empreinte le tennis de table français jusqu'à la Guerre et même au-delà. C'est également l'année où Marcel CORBILLON devient Vice-Président de la langue française de I.T.T.F.

Si la Coupe que reçoit l'équipe féminine Championne du Monde porte d'ailleurs son nom, tout comme la formule appliquée à ce Championnat qui se dispute en 5 parties (2 simples, 1 double, 2 simples) , l'équipe masculine, quant à elle, reçoit la Coupe SWAYTHLING, du nom de la mère du Président Ivor Montagu, régit jusqu'en 1989 par la " formule SWAYTHLING " (3 fois 3 = 9).

 

Mais les parties sont trop longues : les conditions de jeu d'alors favorisant la défense au détriment de l'attaque. A cause de la "poussette", le tennis de table s'endort dans des parties à rallonges qu'il faut parfois écourter au bout de... 7 heures... par tirage au sort.

Un peu plus tard, en Amérique, des petits malins s'efforcent, au moment de servir, d'appliquer à la balle un effet de rotation extrêmement rapide avec les doigts, faussant ainsi le jeu qui sombre peu-à-peu vers un duel de serveurs - turbines.

Une réglementation s'impose...

Dans la France meurtrie des année 39-45, le tennis de table continue à se faire une toute petite place : un tournoi est disputé à Vichy en 1943, un autre à Paris, en 1944. Les joueurs, en ces années de restrictions, participent à des tournois de campagne qui sont dotés, en guise de trophées... de nourriture.

La France organise en 1947 les premiers CHAMPIONNATS DU MONDE d'après guerre au cours desquels la nouvelle génération aux dents longues se mesure aux "anciens" qui demeurent opérationnels. (18 équipes masculines et 12 féminines y participent).

Le célèbre quintette français (BODREZ-AMOURETTI-LANSKOI-AGOPOFF-HAGUENAUER) frôle la victoire. Il obtient une médaile d'ARGENT (DUBOUILLE ayant remplacé LANSKOY), en 1948, et ces "mousquetaires" auxquels s'ajouteront ROOTHOOFT, BAROU, CHERGUI marqueront de leur emprise le tennis de table français qui s'illustrera pendant 15 ans sur le plan international.

En 1952, STEPHEN CAFIERO s'incline face au japonais TANAKA.

C'est le début de l'hégémonie japonaise qui se poursuivra jusqu'à la fin des années 50, pour faire place à une domination chinoise, toutes deux entrecoupées de succès hongrois et suédois. Chez les dames, après la guerre suprématie tchno-roumaine, puis japonaise, qui s'affirme jusqu'en 1969 date à laquelle l'U.R.S.S s'impose.

En 1957, Jean BELOT

Président Fondateur de l'UNION EUROPEENNE de TENNIS de TABLE qui gère, les années paires, les CHAMPIONNATS CONTINENTAUX (les Championnats du Monde ayant lieu tous les deux ans) , organise les premiers CHAMPIONNATS d'EUROPE en 1958 à BUDAPEST.

Grâce à trois hommes qui vont se succéder à la présidense de la F.F.T.T (Fédération Française de Tennis de Table), ce sport conquiert ses titres de noblesse.

Avec Jean Pruliere, diplomate avisé qui a su s'entourer de gens compétents, le nombre de clubs passe en 1950 de 540 et 6579 licenciés à 1542 et 23211.

Ce "sport mineur" se libère de son complexe grâce à un haut - fonctionnaire Pierre CECCALDI qui accorde aux jeunes une place prépondérante en prônant un apprentissage structuré.

Georges DUCLOS, quant à lui, s'efforcera de combler le retard entre notre élite vieillissante et les asiatiques au jeu très physique.

Dès lors est mis en place le "CRITERIUM DES MOINS DE 15 ANS" qui deviendra après abaissement de la limite d'âge "LE PREMIER PAS PONGISTE".

 

Alex AGOPOFF forment les premiers cadres techniques bénévoles qui, sous le nom de "moniteurs" assurent en France l'encadrement des joueurs.